La croissance de la richesse provient d’une croissance de la production de biens et de services réalisée de 2 manières qui peuvent être combinés : une croissance des outputs due à la croissance des moyens de production, notamment de la population active, et une croissance résultant de gains de productivité, c’est à dire d’une amélioration du savoir-faire local et global de l’industrie. La croissance de la production peut résulter non pas d’une croissance du nombre de biens ou de services produits, mais par une augmentation de la qualité et du niveau de service rendu associés à un bien ou un service, ce qui se traduit par une augmentation de prix. La théorie économie considère que cette production est totalement achetée car correspondant au niveau d’utilité attendu par les consommateurs.
Chaque agent économique essaie à son niveau d’augmenter sa richesse soit en accroissant ses facteurs de production, soit en accroissant sa productivité. La croissance du PIB donne une indication de la répartition de l’accroissement de la richesse. Les économies étant des systèmes complexes, elles n’évoluent pas manière linéaire, mais par à-coups, les crises qui constituent des phases brutales d’adaptation, afin que la condition, « la production est totalement achetée », reste vraie.
Dans les pays de l’Europe de l’ouest la croissance est molle, est elle est inégalement répartie. La tendance historique est de capter l’accroissement de richesse des agents en produisant des biens et services dont le niveau de qualité s’accroît, ce qui justifie l’accroissement des prix, bien que depuis peu on voit émerger les modèles d’affaire low-cost qui mises sur la quantité de biens et de services produites.
Ce modèle dépeint rapidement et un peu simpliste ne tient pas compte de l’impact du coût des richesses naturelles, pétrole, métaux, productions agricoles, ni de celui des terrains, immeubles, et autres droits de propriétés. Ces coût captent à leur compte une partie de la richesse sans apporter un surplus de productivité, ils modifient la répartition de la richesse.
Dans ce paysage, le développement durable agit comme levier sur la tendance historique d’accroissement du niveau de qualité des biens et des services pour être en conformité ou contribuer aux exigences sociales et environnementales. Cet accroissement de valeur et de prix s’adresse aux agents économiques qui captent l’accroissement de richesse. Pour le généraliser à tout les agents, il faut modifier la répartition des richesses pour au moins s’assurer que l’on ne met pas une plus grande partie de la population hors d’état de consommer. De même, la réalisation des gains de productivité demande un accroissement des facteurs de production, travail et capital, que ne peuvent supporter une grande partie des agents économiques.
Les freins à l’avènement d’une économie durable générale sont donc importants. Paradoxalement en Europe de l’ouest où la croissance est faible, c’est une voie d’espoir pour redresser l’accroissement des richesses mais aussi un défi pour changer les règles de répartition de cet accroissement. Dans les pays où la croissance est forte, ce défi est impossible, car il déposséderaient ceux-là même qui sont à l’origine de cet accroissement.
Est-ce là l’écueil sur lequel a buté le sommet de Copenhague, dans son intention d’étendre la généralisation du développement durable à l’ensemble des économies ? L’accroissement de coût des valeurs naturelles et des droits de propriété peut, à la suite de dépassement de seuil combinés, perturber de manière imprévisible la répartition de richesse et générer des bouleversements sociaux.
Et la Corse dans ces fluctuations, quelle carte peut-elle jouer ?
Elle voudrait se positionner sur l’accroissement de qualité des biens et des services pour capter davantage de richesses, en jouant la carte de l’identitaire. La valorisation de l’environnement « Corse » du point de vue esthétique et écologique accroît la qualité des services du tourisme. En outre, certains produits agroalimentaire atteignent des niveaux de qualité remarquables et reconnus. C’est le sens du projet d’économie résidentielle qui vise les secteurs du tourisme. et de l’agroalimentaire. Ce projet ne génère cependant qu’une croissance de richesse molle, car l’accroissement de productivité global reste faible et très inégalement répartie C’est pourquoi l’afflux de touristes est souvent perçu comme une nuisance et non comme une valeur par la population. Ce projet ne peut pas soutenir une transition vers une économie durable. D’ailleurs, la mauvaise gestion des déchets et des infrastructures, ainsi que l’ouverture de la centrale de Lucciana au fioul lourd, sont autant des menaces qui viennent assombrir la vision future qu’il porte.
Faire le projet que la Corse devienne une terre d’excellence du développement durable, mécaniquement généraliserait la survaleur écologique à l’ensemble des produits, si par exemple, la Corse était déclarée terre sans pesticides, ni OGM, sans dioxine ni autres polluants que les régions continentales ne peuvent éviter, lorsqu’ils franchissent leurs frontières, et avec un un bilan carbone minimal. Cette politique volontariste qui contiendrait les mesures d’accompagnement logistiques et financières afin que les entreprises puissent s’adapter et mettre en oeuvre de nouveaux moyens de production, permettrait d’accroître significativement la croissance de la richesse locale et, pour peu qu’elle soit équitablement répartie, la richesse des Corses.