La bonne gestion des déchets passe par la diminution voire la suppression des emballages. Malgré toutes les tentatives, comme la suppression des sacs plastiques et leur remplacement par des sacs réutilisables ou biodégradables, il y a toujours autant, si ce n’est plus, de plastique dans les poubelles des consommateurs. La suppression des emballages semble impossible, car ils garantissent à l’industriel que le produit sera livré au consommateur final dans les conditions qu’il aura déterminées. L’emballage permet de maîtriser, de bout en bout, non seulement les qualités gustatives du produit, mais aussi l’hygiène et la conservation. Dans les pays en développement où la « supply chain » est défaillante, c’est une garantie inestimable, qu’en est-il des pays économiquement avancés comme la France ? La suppression des emballages serait-elle ici impossible comme ailleurs ? Tous les politiques rêvent d’inscrire une telle mesure à leur programme.

Lorsque l’on veut changer les choses, il faut souvent renverser la table et repartir du début. Les « supply chain » actuelles partent du fournisseur vers les détaillants qui, soit ont aménagé des surfaces de vente pour les consommateurs qui viennent faire leur achats, soit organisent une livraison à domicile, lorsqu’il font du e-commerce. Bien-sûr de nombreux acteurs ont un fonctionnement mixte. Simplement, si la livraison à domicile s’est répandue, elle n’apporte rien à la question des emballages.

Une solution au problème des emballages doit préserver les garanties sur produit afin que le producteur puisse exercer sa responsabilité sans réserve. Alors comment faire ? L’idée est de faire une chaine de containérisation étanche qui parte du producteur jusqu’au consommateur avec une traçabilité. Cela peut s’appliquer évidemment au vrac, mais aussi à tous produits alimentaires, même le frais – pâtes fraîches, yaourts, liquides,… – qui encombrent les emballages. Cela peut aussi d’appliquer pareillement aux produits non alimentaires, hygiène, entretien, et autres…

Alors comment faire ? Il faut repenser le rôle de tous les acteurs de la supply chain qui vont être des opérateurs de transferts de produits entre des containers sécurisés.

  1. L’industriel met son produit dans un container sécurisé aux dimensions standards. Plusieurs types de containers existent selon les exigences des produits : chaud, froid, température ambiante. Les containers sont conditionnés pour être étanches et garantir aucune intervention pendant le transport. La traçabilité en continue est assurée par l’enregistrement des événements, de la température, du défaut d’étanchéité.
  2. Le container est transporté par un camion jusqu’à l’entrepôt destinataire. Sur un quai, dédié à cet effet, le camion déverse une partie de son container dans un des containers de l’entrepôt, plus petit. Le transfert de produit se fait de manière sécurisé, au moyen d’un embout normalisé propre à chaque container. Chaque container contient des produits à la même date de péremption et les numéros de lots sont enregistrés par le système de traçabilité. Un camion pourra servir plusieurs entrepôts jusqu’à épuisement de sa cargaison. Une fois le container vidé, il est rapporté à l’industriel qui le nettoie et le désinfecte.
  3. Le détaillant a un entrepôt qui contient les containers des produits qu’il souhaite vendre à ses clients consommateurs. Les clients peuvent soit commander leurs produits sur internet pour être livrés à domicile, soit venir à l’entrepôt choisir leurs produits.
  4. S’ils commandent par internet, chaque produit commande est déversé dans une boite aux dimensions standardisées, affichant les données de traçabilité. Le déversement se fait de la même manière que celui entre le container du camion et le container de l’entrepôt de manière sécurisé à l’aide d’un embout normalisé propre à la boite et au container. La commande est alors pris en charge par un livreur qui parcours le dernier kilomètre et les livrent telles quelles au client consommateur, et reprend les précédentes. S’ils viennent sur place ils apportent leurs boites pour les remplir directement à partir des containers du détaillant.

Voilà le principe général. Aujourd’hui, toutes les technologies existent pour créer un supply chain de ce type en conservant la traçabilité jusqu’au consommateur. Il faut évidemment pouvoir gérer les boîtes et les containers, non seulement en terme de réutilisation, mais également en terme d’hygiène. En effet, selon les produits, la boite du consommateurs doit être aussi aseptisée que celle du détaillant ou de l’industriel. Les technologies digitales autorise ce type de gestion. Les questions peuvent se poser pour les consommateurs mobiles, à voir si l’on peut concevoir des boîtes en cartons suffisamment étanche pour répondre à leur besoin, sachant qu’à la différence des emballages qui doivent pouvoir conserver certains produits pendant des années, ces boites en cartons ne devront le conserver que quelques semaines.

Ce système n’est peut être pas à généraliser à tous les produits, notamment les conserves, mais à suffisamment pour faire disparaître la plupart des emballages de nos poubelles. Et, en faisant assurer le dernier kilomètre par des livreurs, il contribuera à diminuer l’usage de la voiture locale. Il mérite il me semble d’être étudié plus avant, pour vérifier son intérêt à plusieurs égards : économique, écologique, sociétal.

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