icon_preknowledgeLa notion de capital naturel, proprement économique, est à la base de l’idée de développement durable qui, aujourd’hui, se diffuse partout sur la planète à travers les pratiques managériales des entreprises mais aussi au sein des programmes politiques comme choix de société.

Ce billet fait le point sur cette notion et sur ses relations avec la préservation de l’environnement.


La vision classique de la production

Pour Adam Smith fondateur de la vision classique de l’économie, la production, qu’elle soit de biens ou de services, résulte essentiellement de 3 facteurs de production :

  • la terre, fournissant des ressources naturelles, comme l’eau, l’air, le sol, les minerais, la flore et la faune qui sont utilisé dans la création de produits.
  • le capital qui permet d’acquérir les moyens de production nécessaires à la production des biens et des services. Cela comprends les machines, les outils et les bâtiments.
  • le travail qui représente non seulement l’effort mais également l’expertise apportés par les hommes


La combinaison des facteurs est déterminée par la technologie qui est mise en oeuvre pour réaliser la production.

La notion de substitution d’un des facteurs par l’autre est fondamentale dans l’analyse économique. Par exemple, l’automatisation croissante de la production des biens et services que l’on connait, revient à substituer le facteur travail par le facteur capital. Cette substitution est favorisée par le progrès technologique.

Les économistes classiques actuels, les néoclassiques, moins préoccupés par l’analyse des économies agricoles, ont abandonnés le facteur « terre » qu’ils considèrent incorporé dans le facteur capital à l’instar des autres moyens de production.

Projetée dans le futur, la discussion sur la substitution des facteurs peut être l’objet de débats d’idées, voire de développements philosophiques. Par exemple, Robert Solow, économiste majeur de la fin du siècle dernier, affirme que le progrès technologique permettra de substituer tout ce que la Nature nous apporte par des biens et services produits par l’industrie humaine. C’est la manifestation de sa croyance très forte dans le progrès technologique.

La notion de capital naturel

Les économistes ont continué à se questionner sur le capital, pour arriver à la conclusion que la Nature, initialement représentée par le facteur « terre » dans la vision d’Adam smith, ne pouvait être considérée comme un moyen de production ordinaire. En effet, les stocks et les produits naturels sont limités : stocks d’énergies fossiles, stocks de forêts, stocks de poissons ; production de plantes, d’essences, d’oxygène, …

Ce facteur, appelé « capital naturel », possède finalement la propriété de limiter la production humaine, s’il se réduit, sachant qu’à la différence des autres facteurs, il ne s’accumule pas, c’est à dire que l’on ne peut l’étendre, on peut simplement le préserver.

Ce point de vue a été théorisé et développé par Robert Costanza et Herman Daly dans la cadre du projet Biosphere II, et a servi de base au modèle économique du capitalisme naturel de Paul Hawken, Amory Lovins, and Hunter Lovins jusqu-à récemment. Il commence a être relayé par les politiques comme Ralph Nader, Paul Martin Jr, et les agences du gouvernment anglais dont l’observatoire de la santé de Londre.

Certains economistes et politiques, dont Paul Martin, sont persuadés que les décisions touchant au capital naturel jouent un rôle clé sur la masse monétaire et la mesure de l’inflation dans une économie moderne. Ils pointent du doigt une croissance qui engendre déséquilibres économiques, et l’absence de liens directs entre le niveau de bien être et la croissance du GDP.

D’autres politiques, comme Al Gore, appellent à la préservation du capital naturel afin de préserver les sociétés humaines de cataclysmes engendrées par leurs activités, comme la production de CO2. Prix Nobel de la Paix 2007, il a soutenu tout au long de 2006 le film « La vérité qui dérange » dédié au changement climatique.

Le capital naturel ayant la propriété de ne pas pouvoir être contenu à l’intérieur des frontières nationales, chaque pays dépend l’un de l’autre. Les actions doivent être coordonnées au niveau international, ce qui est parfois difficile comme l’ont montré les négociations du protocole de Kyoto.

Cependant, la préservation de l’environnement est une aspiration profonde et actuelle des sociétés occidentales qui recherchent de plus en plus le bien être et la qualité de vie. Aujourd’hui, cette attente fait  partie intégrante de la quasi totalité des programmes politiques.

Le développement durable

La notion de capital naturel est un sujet de recherche très actif qui génère de nombreuses discussions à propos des indicateurs, des valeurs, des services, des actions à mener et des méthodes.

Le fait que le capital naturel soit limité et qu’il ait un effet limitatif sur l’ensemble de l’économie amène l’idée d’un développement équilibré de l’activité humaine entre la préservation de l’environnement, le bien-être des hommes, l’économie de production, autrement dit un développement durable.

Si la quantité de capital naturel a un impact sur les autres facteurs, tels que le croit Paul Martin, il est alors possible de créer des cercles vertueux où le capital naturel participe du bien être des hommes, où il favorise les flux monétaires nécessaires à l’investissement et in fine, il favorise la croissance de la Production.

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