icon_preknowledgeJ’avais dans un billet précédent fait un tour d’horizon de l’économie corse qui, en synthèse, concluait que, bien qu’elle soit en croissance, ses supports sont fragiles car menacés. L’économie corse est plutôt une économie en phase de rattrapage à croissance faible, plutôt qu’une économie mature à croissance forte.

La mobilisation de ressources financières ne suffit pas, – les résultats du PEI l’ont montré – il faut créer une dynamique, de type cercle vertueux, qui pousse les hommes à évoluer dans leurs savoirs, leurs compétences, leurs organisations afin d’utiliser au mieux les ressources. En effet, sans les hommes rien de peut survenir.

L’objet de ce billet est d’adopter un point de vue stratégique :

  • analyse des échanges avec l’extérieur
  • analyse du Marché intérieur
  • Force et Faiblesses
  • Pistes stratégiques

Le Marché extérieur

icon_diagnosisConsidérons au sens large les échanges avec l’étranger, et les échanges avec la France continentale. Depuis 92, les données sur les échanges avec la France continentale ne sont plus collectées, ni consolidées, alors qu’elles représentent 95% des échanges (N Levratto 2001).

On peut à défaut analyser les quantités de marchandises par type de point de passage. En 1998, alors que plus de 6000 tonnes de marchandises sont déchargées dans les ports corses, seulement 800 tonnes sont chargées. Les chiffres des aéroports sont équivalents.

Bernard Fustier (AME 2008) indique que la baisse du coût du transport a profité à la France continentale dont la production ne peut être concurrencée par la Corse. Face à un partenaire si écrasant la Corse n’est pas arrivée à trouver un avantage compétitif relatif (1).

Une partie du déséquilibre est rétabli par les pseudo échanges que constituent la production de services administratifs centraux pour le compte de l’état en contrepartie desquels celui-ci transfère des fonds importants. Le tourisme est traité dans le cadre du Marché intérieur.

Analyse

Echanges

Déterminant

Conclusion

Importation de biens coût du transport/manque de compétition il est difficile pour la Corse de se diversifier, même si elle est capable de produire moins cher. Le sens de l’histoire est la spécialisation.
Exportation de biens très faible sur des biens où la concurrence est faible, et où l’avantage compétitif relatif joue à plein : biens identitaires, produits d’origine
Administration décroissance des services administratifs à long terme des sources de richesses fragile

Conclusion

La Corse doit trouver une nouvelle source de richesse au travers de laquelle elle pourra faire jouer dans les échanges l’avantage compétitif relatif. Elle doit résister à la sirène de la diversification qui ne ferait que renforcer sa dépendance à la France continentale.

Le Marché intérieur

icon_diagnosisLe Marché intérieur absorbe la demande des résidents et la demande du tourisme, l’ensemble est dit « économie résidentielle », c’est à dire l’activité économique générée par la demande des personnes présentes sur le territoire. Grosso modo, elle représente un peu plus de 55% du PIB corse.

Peu d’informations existent sur l’évolution au cours des années de ce marché intérieur, l’évaluation du site corse-économie donne 66% du PIB pour la consommation intérieure, 31% pour la consommation due à l’industrie touristique, le pourcentage du à la consommation publique n’est pas connu. On ne dispose pas d’information sur son évolution, hormis que le revenu disponible brut a évolué d’environ 6,5% entre 2000 et 2001.

Comme l’explique Roland Geronimi (corsematin du 17/11/08), le PADDUC parie sur l’économie résidentielle. Il prévoit les infrastructures utiles pour soutenir une croissance modérée, notamment des touristes, d’où l’intérêt porté aux sites remarquables, levier pour attirer des « touristes résidentiels ».

Ce Marché intérieur est adressé par les industries de services, l’agriculture,l’artisanat local, l’agroalimentaire, mais aussi par les échanges avec la France continentale. L’accroissement du Marché intérieur va avoir surtout pour effet d’accroitre le déficit du Marché extérieur.

Analyse

Echanges

Déterminant

Conclusion

Consommation Emploi / Salaire / population Le taux d’emploi, la baisse du chômage, la croissance de la population estimée à 1%/an, ainsi que le tourisme, permettent d’améliorer la croissance de la consommation, mais cela a aussi pour effet d’accroître le déficit du Marché extérieur plus que de dynamiser la production Corse.
BTP Commande publique, PEI, logements Le PEI s’arrête, la dépense publique a vocation a être maîtrisée. la construction de logement reste limitée. Ce n’est pas une croissance durable.
Tourisme coût du transport/compétition avec les autres pays Bien qu’ayant un poids important dans la richesse insulaire, le tourisme a une croissance limitée à long terme, il est sensible au coût du transport, qui baissant accroît la compétitivité de la France continentale.

Conclusion

Le Marché intérieur a profité aux entreprises corses tant que le coût du transport jouait comme une taxe sur les produits du continent, la baisse a joué comme un accroissement de compétitivité de la France continentale. La Corse s’est spécialisée dans le tourisme pour faire valoir son avantage compétitif relatif. Bien que le tourisme ait permis le développement d’une industrie agroalimentaire basée sur des  produits identitaires, il a eu aussi pour effet de creuser le déficit du Marché extérieur sans retenir la population dans les villages, – 54% de la population vit en zone urbaine – , ni développer le capital humain car il n’offre pas de débouchés aux diplômés de l’université.

Quel bilan ?

icon_discussionLes sources de richesses actuelles sont fragiles et l’effort pour réduire les menaces sera important.

Forces

Faiblesses

Une université qui dispense un éventail de formations large, pour certaines reconnues et qui contribue aux recherches sur l’environnement L’appareil productif est fait de très petites entreprises
Le Parc Naturel Régional qui s’est engagé dans l’écotourisme et dans la préservation du territoire et des modes de vie. Le Parc est un attracteur important pour le tourisme La croissance de la consommation a pour effet d’accroître le déficit du Marché extérieur plus que de dynamiser la production Corse. Le PEI s’arrête, la construction de résidences secondaires
Une nature exceptionnelle, en terme de paysage, de diversité, flore et faune La culture entrepreneuriale est faible
Une attente de la population sur la préseravation de l’environnement , mais en attente d’un développement qui permette une amélioration de dimension sociale un niveau d’instruction relativement faible
un niveau de compétence relativement faible

Les pistes stratégiques

icon_key_pointsLa Corse doit trouver une seconde voie de spécialisation qui lui permette d’assurer une croissance conforme à une économie mature à croissance moyenne et sortir par le haut de son cycle de rattrapage qui commence à s’essoufler avec la fin du PEI.

Cela peut être une évolution de l’offre touristique vers le haut de gamme. Mais ce type d’offre existe déjà en Corse, et face à la concurrence des états limitrophes, Monaco, Sardaigne, Baléares, il n’est pas sur que le Marché soit en mesure d’écouler un surplus d’offre important ou bien la Corse devra offrir un avantage compétitif absolu, qu’elle n’a pas aujourd’hui. D’autre part, l’industrie touristique ne permet de donner des perspectives aux déplômés de l’université. Dans une économie mondiale où le savoir devient un actif important, en ne développant que le tourisme la Corse accroît sa dépendance économique et administrative à la France continentale.

Ce peut être également de prendre le train du développement durable. En effet, Le développement durable est une perspective de croissance importante pour l’économie mondiale. La Corse a une culture du développement durable, notamment de l’environnement, dans des actions comme le Parc Naturel Régional, Festiventu, les axes de recherches de l’environnement, les actions de la CTC, et autres… L’avantage du développement durable c’est que non seulement il active les forces de la Corse mais qu’il a la capacité de donner au tourisme un avantage compétitif absolu.

Annexe : Modèle de Ricardo

Le modèle de Ricardo montre que l’élément déterminant les échanges entre deux pays, est l’avantage compétitif relatif, c’est à dire l’intérêt de chacun des pays à produire un ou plusieurs biens en tenant compte de ses ressources, et non pas le fait de fabriquer au meilleur coût. Ainsi, si le pays 1 peut fabriquer le bien 1 et le bien 2 au meilleur coût, il préférera se spécialiser sur le bien 1 pour maximiser son profit et importer le bien 2, même si dans tous les cas, il l’aurait produit lui-même pour moins cher.
Ce principe éclaire un des mécanismes qui incitent les pays à se spécialiser. Cela n’obère pas le fait que pour un produit donné, la compétition entre plusieurs pays peut faire rage pour exporter vers une destination donnée.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.